La sauvegarde du nüshu
Sauvegarde et transmission d’un patrimoine
La sauvegarde de l’écriture nüshu est aujourd’hui assurée. Dans les années 2000, les autorités chinoises ont mis en place des mesures de sauvegarde : études et enquêtes universitaires pour répertorier les caractères et garder la mémoire historique des dernières transmettrices de la culture des femmes.
En effet, en raison d’une part du contexte historique de la modernisation, de la guerre avec le Japon et des ravages de la Révolution culturelle, d’autre part de la coutume qui voulait que les femmes se fassent enterrer avec leurs œuvres, le nüshu redécouvert dans les années 80 était sous la menace d’une disparition totale. Les vieilles femmes ne le transmettaient plus. Grâce à la venue dans leur district de linguistes et ethnologues chinois et étrangers, elles ont pris conscience de la valeur du patrimoine linguistique et culturel qu’il représente. Leur savoir a été étudié et répertorié et elles ont été sollicitées pour le faire revivre en créant de nouvelles compositions.
Des mesures de sauvegarde dans les années 2000
Vu l’urgence de la situation, les autorités locales, provinciales et gouvernementales ont mis alors en place des programmes de préservation de la culture et de l’écriture nüshu dès sa redécouverte. L’initiative privée s’est aussi intéressée à la sauvegarde et à l’exploitation de ce fait culturel considéré en tant que ressource touristique. On a assisté alors dans les deux secteurs à une tendance à la commercialisation et folklorisation du nüshu, ce qui a tout de même permis de recueillir des fonds pour contribuer à sa sauvegarde.
Des efforts de préservation institutionnelle
On peut citer les actions de préservation et de diffusion suivantes élaborées à partir des années 90 et qui ont été poursuivies depuis le début des années 2000 :
- Création du village culturel Pumei à Jiangyong 埔尾村女书文化村
- Création du titre de transmetteuse officielle 女书传承者
- Plan pour l’enseignement du nüshu
- Edition de dictionnaires nüshu
- Symposium international à partir de 2002
- Recherche pour retrouver des corpus anciens
- Exposition sur l’artisanat, les chants et l’écriture nüshu à Pékin en 2004
- Plan de sauvegarde de l’environnement de la culture Nüshu en 2005.
Les organismes de recherche ont créé des collaborations entre plusieurs institutions locales, provinciales, nationales et internationales, afin d’étudier l’écriture et la culture nüshu. Bien que les moyens alloués n’ont pas atteint le niveau de protection de l’héritage Dongba à Lijiang au Yunnan, les efforts de préservation ont permis de créer un village de la culture nüshu sur son territoire d’origine, à Jiangyong.
Plan de sauvegarde 中国“女书”文化抢救工程 dès 2001
Sous l’impulsion de l’Institut des Minorités, le but de ce plan de sauvegarde a été de protéger les anciens textes qui constituaient l’héritage culturel et de diffuser la culture nüshu : recueil et préservation de textes anciens et préservation de la culture ; promotion de la recherche, enseignement, séminaires internationaux, publications et recherche sur les origines ; création du Village de la culture nüshu, avec salle d’exposition et musée ; développement de l’industrie locale du tourisme alliant le patrimoine linguistique et culturel aux nombreuses possibilités touristiques de cette région montagneuse peuplée de minorités nationales (yao 瑶族, zhuangtongzu 壮侗族). (« 中国女书文化抢救工程 » et « 湖南省江永县及周边地区文化旅游开发的总体构想与设计方案 »[1]). Ce plan a donné lieu à de nombreuses réalisations à partir des années 2000 sous l’égide du Centre d’études sur la culture nüshu de l’Université des minorités nationales du sud (中南民族大学女书文化研究中心) et du Centre national de préservation des cultures des minorités (中国民族民间文化保护工程国家中心).
Le titre de transmettrice officielle
En octobre 2003, la préfecture de Jiangyong a gratifié cinq femmes du titre de transmettrices officielles (nüshu chuanchengzhe 女书传承者 ou nüshu chuanren 女书伝人) en leur attribuant des aides financières. Il s’agissaitt de Yang Huanyi 阳焕宜, He Yanxin 何艳新, He Jinghua 何静华, Hu Meiyue 胡美月 et Yi Yuanjuan 义远绢 (la femme du petit-fils de Gao Yinxian). Pour obtenir la certification officielle qui permet de l’enseigner, il faut savoir chanter les chants traditionnels, écrire et lire le Nushu.
Création du village culturel de Pu Wei en 2002
Le village culturel Nüshu 埔尾村女書文化村 a été ouvert à l’automne 2002, dans la région de Jiangyong. Son nom a été ensuite changé[1] en Pu Mei Cun普美村, mei signifiant « beau ». Son ouverture a donné lieu à la construction d’un pont suspendu, alors qu’il fallait prendre le bateau auparavant. Le Parc de la culture nüshu 江永省女书文化园 rassemble une école avec des classes de nüshu où enseigne notamment Hu Meiyue, un magasin d’artisanat, un atelier d’artisanat nügong avec des cours de broderies, une salle de démonstration où des jeunes filles en costumes rouges Yao reproduisent un ancien mariage, une salle d’exposition de Sanchaoshu anciens et une salle de conférence qui porte le nom de Zhou Shuoyi.
Avec le secours des nouvelles technologies, ces vingt dernières années ont permis la diffusion de l’écriture nüshu, malgré une réduction de sa diversité et de ses variantes, ainsi qu’une éclosion calligraphique correspondant davantage au goût des acheteurs d’objets touristiques, ou bien à l’imagination des calligraphes eux-mêmes.
Visitez le village Wenhuacun 文化村 pour découvrir la culture nüshu
[1] La pratique de changer de nom est courante en Chine.
[1] Voir 中国女书文化抢救工程, http://www.lib.scuec.edu.cn/nsyj/new_page_1.htm