"Le Nüshu, l'écriture des femmes de Jiangyong" Le nüshu désigne une écriture et une culture minoritaires de Chine, exclusivement transmises entre les femmes brodeuses dans la région de Jiangyong (Hunan). Dans cet endroit reculé de Chine, des femmes ont cherché l’accès à l’écrit qu’on leur refusait. Elles ont inventé vers l’an mille une écriture exclusivement féminine, le nüshu. Elles l’écrivaient entre elles, le brodaient et le transmettaient en chantant. Fruit d’un contexte sociologique particulier et d’un métissage entre les ethnies Yao et Han, inspirée des caractères chinois transformés par le biais de la broderie et utilisés pour leur valeur phonétique dans le dialecte local, cette écriture poétique basée sur les chants était le vecteur identitaire d’une culture féminine et de sa littérature orale dans les cercles de « soeurs jurées ». Menacée de disparition avec les changements sociologiques intervenus en Chine au 20e siècle, elle a fait l’objet d’une préservation institutionnelle depuis les années 1980 et survit aussi grâce au tourisme et à de nouvelles adaptations graphiques pour les calligraphes. Depuis 2017, elle connaît un certain engouement grâce à la conception d'outils informatiques qui, malgré une réduction drastique du nombre de ses caractères, permet sa diffusion par les nouvelles technologies.
Danse et chant traditionnel nüshu, enseigné à une classe d'étudiants en tourisme au Village de la culture nüshu de Jiangyong (Hunan, Chine)
Gulanyou, un des villages où le nüshu était écrit par 70% des femmes jusqu'au début du XXe siècle.
Les femmes de Jiangyong écrivaient sur éventails, papier, et brodaient également les caractères sur tissu.
Besoin de savoir ce que devient le nüshu aujourd'hui, quelques pistes de compréhension... (en cours...)
Depuis une dizaine d'années, les caractères nushu ont fait l'objet d'une informatisation, accompagnée d'une réduction drastique de leur nombre, pour pouvoir être utilisés sur ordinateur. Des nouveaux usages mercantiles ont été développés. Quelques femmes essaient de maintenir sa vocation première, le lien de solidarité entre femmes.